Le conte de la culpabilité

coupable

Deux hommes qui se connaissaient depuis longtemps se rencontrèrent au bord d’un trottoir.
Ils étaient tous les deux abattus, atterrés, déprimés comme il n’est pas possible de l’être.
L’un des deux, croyant être le plus déprimé, s’adressa à l’autre et lui dit:
« Si je puis me permettre, tu ne sembles pas aller bien, que t’arrive-t-il ? »
Il espérait que l’autre lui dirait : « Je vais bien », ce qui lui aurait permis de dire à son tour :
« Tu en as de la chance, moi ça ne va pas du tout…… »

Mais celui-ci, contre toute attente, répondit :
« Oh ! ça ne va pas du tout, je me sens coupable, affreusement fautif. Ma mère était malade, je lui ai conseillé de se faire opérer. Et elle est morte des suites de cette opération. Jamais , jamais je n’aurais dû lui conseiller cela. C’est de ma faute, si elle est morte. »
Et le premier de s’exclamer à son tour :
« Moi c’est pire encore, ma mère aussi était très malade, elle voulait se faire opérer, je lui ai déconseillé cela. Je l’ai invitée à partir plutôt en vacances. Et elle est morte d’un accident de la route. C’est terrible, jamais je n’aurais dû la déconseiller pour cette opération. C’est de ma faute si elle est morte. »

Et son interlocuteur de surenchérir :
« Mais toi, tu détestais ta mère, alors que moi je l’aimais, c’est donc moi qui souffres le plus. »
« C’est ce que tu crois, s’empressa d’ajouter le premier, la tienne n’a pas eu à subir d’opération, elle. Elle est morte sans souffrir, alors que la mienne… »
« Oui mais la tienne n’a rien senti, n’a pas su ce qui lui arrivait, alors que la mienne… »

Un orage les sépara mais ils se promirent de reprendre cet échange passionnant.
Pour savoir lequel est le premier en culpabilité, lequel est celui qui doit s’attribuer la plus grande souffrance d’avoir fait ou dit, de n’avoir pas fait ou pas dit.

Auteur inconnu, à méditer.

Merveilleuse journée.

Mabelle

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