Archives de catégorie : Textes à méditer

Des petits textes pour nous donner à réfléchir

Et si nous sortions de la rancune ?

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Deux amis qui marchaient dans le désert se disputèrent et l’un d’eux donna une gifle à l’autre.

Ce dernier, sans rien dire, écrivit dans le sable : Aujourd’hui mon meilleur ami m’a donné une gifle.

Ils continuèrent à marcher et trouvèrent une oasis dans laquelle ils décidèrent de se baigner. Celui qui avait été giflé manqua de se noyer et son ami le sauva.

Quand il se fut repris, il grava sur une pierre  : Aujourd’hui mon meilleur ami m’a sauvé la vie.

Celui qui avait donné la gifle et sauvé son ami lui demanda : Quand je t’ai blessé tu as écrit dans le sable, et maintenant tu as écrit dans la pierre. Pourquoi ?

amis

L’autre répondit : Quand quelqu’un nous blesse, nous devons l’écrire dans le sable, où le vent de l’oubli l’effacera. Mais quand quelqu’un fait quelque chose de bien pour nous, nous devons le graver dans la pierre, où rien ne peut l’effacer.

 Histoire d’origine inconnue, si vous en connaissez la source, laissez moi un petit commentaire. Merci

Mabelle

Le conte de la culpabilité

coupable

Deux hommes qui se connaissaient depuis longtemps se rencontrèrent au bord d’un trottoir.
Ils étaient tous les deux abattus, atterrés, déprimés comme il n’est pas possible de l’être.
L’un des deux, croyant être le plus déprimé, s’adressa à l’autre et lui dit:
« Si je puis me permettre, tu ne sembles pas aller bien, que t’arrive-t-il ? »
Il espérait que l’autre lui dirait : « Je vais bien », ce qui lui aurait permis de dire à son tour :
« Tu en as de la chance, moi ça ne va pas du tout…… »

Mais celui-ci, contre toute attente, répondit :
« Oh ! ça ne va pas du tout, je me sens coupable, affreusement fautif. Ma mère était malade, je lui ai conseillé de se faire opérer. Et elle est morte des suites de cette opération. Jamais , jamais je n’aurais dû lui conseiller cela. C’est de ma faute, si elle est morte. »
Et le premier de s’exclamer à son tour :
« Moi c’est pire encore, ma mère aussi était très malade, elle voulait se faire opérer, je lui ai déconseillé cela. Je l’ai invitée à partir plutôt en vacances. Et elle est morte d’un accident de la route. C’est terrible, jamais je n’aurais dû la déconseiller pour cette opération. C’est de ma faute si elle est morte. »

Et son interlocuteur de surenchérir :
« Mais toi, tu détestais ta mère, alors que moi je l’aimais, c’est donc moi qui souffres le plus. »
« C’est ce que tu crois, s’empressa d’ajouter le premier, la tienne n’a pas eu à subir d’opération, elle. Elle est morte sans souffrir, alors que la mienne… »
« Oui mais la tienne n’a rien senti, n’a pas su ce qui lui arrivait, alors que la mienne… »

Un orage les sépara mais ils se promirent de reprendre cet échange passionnant.
Pour savoir lequel est le premier en culpabilité, lequel est celui qui doit s’attribuer la plus grande souffrance d’avoir fait ou dit, de n’avoir pas fait ou pas dit.

Auteur inconnu, à méditer.

Merveilleuse journée.

Mabelle

Le vase brisé

Deux frères héritèrent d’un vase de Chine de grande valeur.

vase

– Nous devons le partager, dit l’aîné. Mais comment faire ?

– Garde-le pour toi, dit le cadet, Je n’en n’ai pas besoin. Je n’en veux pas.

 – Il n’en n’est pas question, répondit l’aîné. C’est contraire à mon sens de l’équité.

– Alors, dit le cadet, prenons-le six mois l’un, six mois l’autre.

– C’est beaucoup trop compliqué, dit l’aîné. Trouvons une solution plus simple.

– Vendons-le, dit le cadet. Nous nous partagerons le montant de la vente.

– Tu n’y songes pas, rétorqua l’aîné. Ce serait une insulte à la mémoire de notre père.

– Alors, tirons-le au sort, ajouta le cadet.

– Pas question, répliqua l’aîné. Je refuse de laisser le sort décider à notre place.

– Dans ce cas, poursuivit le cadet, que proposes-tu ?

– Battons-nous, dit l’aîné. Le plus fort aura le vase

-Cela ne m’intéresse pas, répondit le cadet. Nous risquerions de nous blesser et de nous en vouloir pour toujours. Je refuse de me battre avec toi pour cela.

– Tu n’es qu’un lâche, riposta l’aîné. Tu as peur de te battre. Tu n’es pas un homme.

Sous l’effet de la colère, il se mit à invectiver son frère, se jeta sur lui et dans sa précipitation renversa le vase qui se brisa en mille morceaux.

– C’est de ta faute, hurla l’aîné. Si tu n’avais pas été aussi lâche, rien de cela ne serait arrivé.

– C’est possible, répondit le cadet. Tu voulais que nous nous battions pour ce vase.

Maintenant, l’objet de notre litige a disparu. Allons-nous continuer à nous battre ?

Ou ton besoin de te battre est-il si fort que tout puisse devenir prétexte à des querelles entre nous ?

 Texte de Charles Brulhart, Janvier 1998

Merveilleuse journée

Mabelle

Le prix de la sagesse

Grand Sage
Grand Sage
Vieux conte oriental

Un jour un homme vint voir un sage et lui demanda : Maître, que dois-je faire pour acquérir la sagesse ?

 Le sage ne répondit pas.

Ayant répété plusieurs fois la question sans résultat, l’homme se retira. Mais il revint le lendemain et fit la même demande : Maître, que dois-je faire pour acquérir la sagesse ?

 Toujours pas de réponse. Il revint le troisième jour en répétant encore : Maître, que dois-je faire pour acquérir la sagesse ?

 Finalement, le sage se dirigea vers une rivière, et, entrant dans l’eau, pria l’homme de le suivre. Arrivé à une profondeur suffisante, il le saisit par les épaules et le maintint sous l’eau, en dépit des efforts qu’il faisait pour se libérer.

Au bout d’un moment, le sage le relâcha et quand l’homme eut à grand-peine retrouvé son souffle, le sage lui demanda : Dis-moi, quand tu étais plongé sous l’eau, quel était ton suprême désir ?

 Sans hésitation le jeune homme répondit : De l’air, de l’air ! J’avais besoin d’air !

 – N’aurais-tu pas préféré la richesse, les plaisirs, la puissance ou l’amour ? N’as-tu songé à aucune de ces choses ?

 – Non, Maître, j’avais besoin d’air et ne pensais qu’à cela.

 – Eh bien, reprit le sage, pour acquérir la sagesse, il faut la désirer aussi intensément que tu désirais de l’air, il y a un instant.

Il faut lutter pour elle à l’exclusion de tout autre ambition dans la vie. Elle doit être ta seule et unique aspiration, nuit et jour.

Si tu cherches la sagesse avec une telle ferveur, un jour, tu la trouveras.

Vieux conte oriental

Accumuler des biens rend-il plus heureux ?

accumuler des biens

Un paysan russe, Pakhôm, vivait sur ses terres. Le seul malheur, disait-il, c’est d’en avoir trop peu. Si j’avais de la terre à volonté, je n’aurais peur de personne.

Un voisin vint à mourir. Il voulut acheter sa terre. Il paya la moitié comptant; quant au reste, il s’engageait à le payer en deux ans. Ainsi vivait Pakhôm dans le bonheur.

 Mais voici qu’un marchand vint à passer et lui dit :

– Pour mille roubles, chez les Baschkin, nomades asiatiques, au-delà de l’Oural, j’ai eu de la terre à n’en pouvoir faire le tour en marchant pendant tout un jour.

Pakhôm vendit sa terre et sa maison et partit. Il arriva chez les Baschkin, leur paya à boire et leur donna des présents. Il s’entendit avec eux.

– Notre prix est unique, lui dirent-ils. Mille roubles pour une journée.

– Mais, dit Pakhôm, on peut, en une journée faire le tour de beaucoup de terres.

– Oui, dirent-ils, tout sera à toi. Choisis la part qui te convient le mieux.

Les yeux de Pakhôm étincelèrent. Toute la terre était riche et grasse.

– Va, mais reviens assez tôt car si le soleil est couché, tu perdras tes mille roubles et tu n’auras rien.

Le lendemain dès l’aube, il se leva. Les Baschkin l’attendaient sur la colline. Il partit d’un pas régulier, fit une verste (ancienne mesure de longueur, qui était utilisée en Russie et valait 1 067 mètres), posa un jalon puis accéléra la marche.

Vers 8 heures, il ôta son habit et déjeuna. Puis il pensa : il faut y aller maintenant. Il marcha, il marcha. L’herbe était haute et il faisait chaud.

Pakhôm commençait à se fatiguer. Il était temps de dîner. Puis il repartit. Une heure à souffrir, pensait-il, mais un siècle à bien vivre !

Il allait tourner à gauche lorsqu’il aperçut un frais vallon. C’est dommage, pensa-t-il, de le laisser de côté, et il engloba le vallon.

Puis il regarda le soleil. Il était proche de son déclin, et les gens sur la colline se distinguaient à peine.

Pakhôm aurait voulu se reposer, mais le soleil n’attend pas. Il se met à courir. Ses pieds sont écorchés jusqu’au sang. Le voici au pied de la colline. Elle est déjà dans l’ombre. Mais les Baschkin lui crient: Cours ! Cours ! Ici le soleil n’est pas couché ! Il reprend haleine, fait un faux pas et tombe exténué en touchant le piquet d’arrivée.

– Bravo ! lui cria-t-on. Tu as gagné beaucoup de terre !

Son domestique accourt. Il veut le soulever, mais le sang coule de sa bouche. Il est mort.

Le domestique resta seul. Il creusa une fosse pour Pakhôm et il l’enterra.

 Conte de Léon Tolstoï, Écrivain russe. 1828-1910

La maison de Philémon

maison de Philémon

Philémon, ami du grand orateur Démosthène, l’aborde sur la place du marché et lui demande :

– Maître, je veux vendre ma maison, tu la connais si bien pour l’avoir fréquentée lors de mes banquets.
Pourrais-tu écrire une belle annonce que je laisserai à la vue de tous sur l’agora ?

Démosthène prit une tablette de cire, un stylet et se mit à écrire :

« Je vends une propriété enchanteresse, où chantent les oiseaux dès que pointe l’aube, où le vent agite les feuilles des oliviers, où une eau de source cristalline coule en abondance, où le patio baigné par le soleil naissant du matin offre au soir une ombre tranquille. »

Des mois plus tard, Démosthène rencontre son ami et lui demande s’il a vendu sa propriété.

– Ah, non ! Je n’y pense même plus, lui répond-il. Quand j’ai lu ton annonce, j’ai compris quel trésor je tenais là et j’ai renoncé à m’en séparer.

Comme Philémon, il arrive souvent que nous passions à côté des bonnes choses que nous possédons, sans plus les remarquer.

Si personne ne nous ouvre les yeux, nous poursuivons des mirages en pure perte, alors que les trésors se trouvent à nos pieds.

 Et si vous preniez quelques minutes aujourd’hui pour ouvrir les yeux sur ce que vous avez ?

Merveilleuse journée – Mabelle

Le miroir

Le miroir
Le miroir
 Texte de Charles Brulhart, Janvier 1996

Il y a fort longtemps, à l’époque où les brumes septentrionales inspiraient encore terreur et effroi, Arkan, le conseiller de Guvar, Roi de Nordik, fit un long voyage dans les pays lointains du Sud.

Il en ramena un objet mystérieux : une grande plaque de verre lisse, recouverte d’une fine couche d’argent, où se reflétait l’image de ceux qui s’y regardaient.

Un tel objet était totalement inconnu à Nordik.

Arkan voulut faire une surprise au roi Guvar. Il ne dit mot de son dessein et prépara une mise en scène susceptible d’étonner le Roi et la cour, tout en mettant en valeur sa découverte.

Ce qui, pensait-il, ne manquerait pas de rejaillir sur son prestige personnel.

Il fit installer secrètement l’objet en question dans une grande tente et imagina d’y faire pénétrer à tour de rôle les plus hauts dignitaires du royaume : le Grand Argentier du Roi, le Général en chef des armées et le Maître Magicien de la cour.

Le Grand Argentier entra le premier dans la tente et en ressortit aussitôt en disant : Il y a dans cette pièce un homme richement vêtu comme moi, qui me toisait d’un air hautain et qui portait les insignes de mon rang. Il doit s’agir d’un imposteur.

Cet homme est certainement dangereux.

Le Général en Chef pénétra à son tour dans la tente. À sa sortie, il affirma : Je me suis trouvé face à un guerrier redoutable qui s’approchait de moi d’un air menaçant quand je marchais vers lui et s’éloignait avec un regard méfiant quand je m’éloignais de lui. Cet homme est sûrement dangereux.

Le Maître Magicien s’avança alors. Dès qu’il resurgit, il déclara : Il y a dans cette pièce un magicien puissant, capable de tracer les gestes et signes magiques les plus secrets. Cet homme est extrêmement dangereux.

Alors, le Roi Guvar pénétra à son tour dans la pièce. On entendit un grand cri, puis un grand bruit. Il ressortit, tenant à la main quelques fragments de verre argenté.

Je me suis trouvé, dit-il, face à un homme portant le même casque royal que moi.

Il avait un air terrifiant. Quand j’ai dégainé mon épée, il a fait de même.

Quand je l’ai levée, il m’a immédiatement menacé. J’ai décidé alors de détruire cet usurpateur.

 De toutes mes forces, je l’ai frappé. Il a été aussitôt réduit en pièces. Voici ce qui en reste.

– C’est l’argent avec lequel il comptait soudoyer nos ennemis, dit le Grand Argentier.

– Ce sont les restes de l’épée avec laquelle il voulait nous détruire, dit le Général en Chef.

– Ce sont les débris de la fiole du poison qui nous était destiné, dit le Maître Magicien.

– Mais non ! protesta Arkan. Il n’y avait dans cette pièce qu’un objet nommé “miroir”, qui reflétait votre propre image. Ces personnages que vous avez aperçus, c’était vous; il n’y avait là que votre propre reflet !

Après une brève délibération, le Roi et les trois hauts dignitaires déclarèrent qu’Arkan était un traître et qu’il n’avait ramené avec lui de son voyage lointain ces quatre personnages que pour mieux usurper leur propre pouvoir.

On le condamna à mort et il fut exécuté.

Le calme revint alors à Nordik.

Depuis ce jour-là, la bravoure du Roi Guvar est légendaire et sert d’exemple à toutes les générations.

Et si le monde nous renvoyait un reflet de nous-mêmes ?