Bonjour, je vous espère en forme.
Je vous partage un texte de Martine SDY BENZAQUEN.
Bonne lecture
Mabelle
C’est qu’on ne veut pas s’avouer combien a eu mal d’aimer, combien on n’a pas été aimé comme on l’avait rêvé, on ne veut pas savoir combien l’autre nous a blessé, torturé, déchiqueté …
On est sûr qu’on est indemne, que tout est comme avant, idem, et qu’on s’aime.
On ne voit pas ce qui nous a séparé de nous-mêmes, ce doute de soi qui nous a rongé, pendant des années.
On ne réalise pas qu’on ne croit plus dans les autres, qu’on n’a plus confiance en l’amour, qu’on n’est plus très convaincu qu’on puisse être aimé, qu’on le mérite, qu’on est beau, qu’on est bon, qu’on est quelqu’un de bien ….
Quand tu as été mal aimé, quand on t’a méprisé, rejeté, bafoué, ignoré, insulté, frappé mais que tu as réussi à t’échapper, que tu as survécu à tes manques, à tes douleurs, tu crois que tu as tout gagné …
C’est vrai.
Sauf que, voilà, tu ne sais plus t’estimer, te regarder tel que tu es, t’aimer …
Pour se réapprendre, il y a un secret : pour guérir d’avoir tout donné, il faut encore plus donner.
Un peu comme Musset.
Et puis, savoir recevoir. Se laisser aimer, émouvoir. Se permettre la bonté. Oser laisser les autres nous gâter. Accepter la véritable amitié. Rejeter ceux qui nous rejettent. Fuir ceux qui nous aiment à moitié, avec tiédeur, pas assez de chaleur et de bonheur.
Éloigner ceux qui pensent savoir qui nous devons être, ceux qui nous jugent, ceux qui nous aiment avec un peu de condescendance, pas assez de conscience, ceux qui pensent nous connaître mieux que nous nous connaissons, ceux qui veulent changer nos pantalons, nous donnent sans cesse des leçons, sont certains qu’ils auraient fait mieux et nous expliquent avec un mépris -qu’ils nomment affection- leurs « il faut », leurs « tu dois », ceux qui n’ayant jamais rien vécu te montrent qu’ils n’ont jamais perdu !
Je connais un loup solitaire, une vieille panthère, un chat qui n’aime pas qu’on l’appelle comme cela, un loup-garou d’un peu partout, une souris qui sourit, qui a commencé à s’aimer après plusieurs millions d’années, qui a retrouvé sa liberté en osant retrouver l’amour total et absolu qu’elle portait à l’humanité, en risquant de se laisser aimer, en risquant la profonde bonté, en risquant de se détacher de ceux qui aimaient avec modération comme la boisson, en risquant d’aimer son prochain avec enfance, sans défiance, sans méfiance, sans penser aux risques.
En risquant de se regarder.