Deux frères héritèrent d’un vase de Chine de grande valeur.
– Nous devons le partager, dit l’aîné. Mais comment faire ?
– Garde-le pour toi, dit le cadet, Je n’en n’ai pas besoin. Je n’en veux pas.
– Il n’en n’est pas question, répondit l’aîné. C’est contraire à mon sens de l’équité.
– Alors, dit le cadet, prenons-le six mois l’un, six mois l’autre.
– C’est beaucoup trop compliqué, dit l’aîné. Trouvons une solution plus simple.
– Vendons-le, dit le cadet. Nous nous partagerons le montant de la vente.
– Tu n’y songes pas, rétorqua l’aîné. Ce serait une insulte à la mémoire de notre père.
– Alors, tirons-le au sort, ajouta le cadet.
– Pas question, répliqua l’aîné. Je refuse de laisser le sort décider à notre place.
– Dans ce cas, poursuivit le cadet, que proposes-tu ?
– Battons-nous, dit l’aîné. Le plus fort aura le vase
-Cela ne m’intéresse pas, répondit le cadet. Nous risquerions de nous blesser et de nous en vouloir pour toujours. Je refuse de me battre avec toi pour cela.
– Tu n’es qu’un lâche, riposta l’aîné. Tu as peur de te battre. Tu n’es pas un homme.
Sous l’effet de la colère, il se mit à invectiver son frère, se jeta sur lui et dans sa précipitation renversa le vase qui se brisa en mille morceaux.
– C’est de ta faute, hurla l’aîné. Si tu n’avais pas été aussi lâche, rien de cela ne serait arrivé.
– C’est possible, répondit le cadet. Tu voulais que nous nous battions pour ce vase.
Maintenant, l’objet de notre litige a disparu. Allons-nous continuer à nous battre ?
Ou ton besoin de te battre est-il si fort que tout puisse devenir prétexte à des querelles entre nous ?
Texte de Charles Brulhart, Janvier 1998
Merveilleuse journée
Mabelle