Pourquoi je ne partage plus mes émotions liées à l’actualité tragique

Bonjour,

J’ai reçu ce matin un mail de Jacky auquel je choisis de répondre ici afin que tous connaissent mes opinions et comprennent peut-être certaines choses passées sous silence de ma part. Jacky trouvait « anormal » que je n’ai pas écrit le moindre article sur les attentats qui ont touché tout le monde ces derniers temps.

Ce n’est pas parce que je ne publie rien sur le sujet que je ne suis pas de tout coeur avec les personnes qui souffrent. Je signale au passage que si une victime (de près ou de loin) a besoin d’aide je lui accorderai la mienne de bon coeur, tout à fait gracieusement. Ne pas afficher d’émotion ne signifie pas ne pas éprouver d’émotion. Ça ne signifie pas non plus que je n’éprouve pas d’empathie pour les victimes et leurs proches, bien au contraire, je respecte leur douleur et ne cherche nullement à en rajouter.

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Je vois dans la diffusion des images et d’autres éléments émotionnellement impactants, comme la  « seconde » déflagration de l’horreur que vivent et ont vécu de nombreux pays ces derniers mois. La stratégie des terroristes vise aussi à utiliser l’onde de choc physique et émotionnelle des attentats pour initier de multiples « répliques » de cette première onde de choc.

Les réseaux sociaux, et les chaines d’information en continu, en sont les principaux catalyseurs en propageant des images des lieux dévastés et des vidéos horribles en boucle, puis dans les jours, semaines, et mois qui suivent des témoignages douloureux des victimes.

En partageant cela, on étend encore plus l’impact des explosions, des tueries, les dommages humains qu’elles ont causés, à chaque personne que l’on va “toucher” par ces diffusions.

Les contenus partagés sont à prendre comme autant d’éclats de cette explosion émotionnelle. Je suis convaincue que plus on écrira sur les faits, plus cela affectera et blessera notre psychisme durablement. Or c’est précisément ce que les initiateurs de ces attentats cherchent à faire. Car, s’ils ne partagent pas nos valeurs, il savent comment s’en servir. Il est important de tenir compte de cela pour renforcer notre résilience.

Je refuse que mon empathie ou ma colère  puissent servir d’élément de motivation ou de validation à ceux qui sont à l’origine de tels actes. Ce qui, par conséquence pourrait causer insidieusement et indirectement d’autres victimes.

Je refuse également d’alimenter une « stratégie de tension » dont les gouvernements se servent pour alimenter leur propre agenda politique.

Je refuse d’aider à justifier la mise en place de villes plus sécurisées que les prisons et d’une restriction de nos libertés – au nom justement de ces libertés

Je préfère partager des informations que je considère comme potentiellement « intéressantes » (pour autant que mon jugement puisse être le bon) et qui pourraient aider certaines personnes à trouver une technique pour se sentir mieux et rebondir après tous les tristes événements que nous avons tous vécu. Et si c’est seulement en  ébauchant un sourire, en voyant une lueur d’espoir en lisant un de mes articles, je trouve que c’est déjà pas mal. Je n’ai pas de baguette magique et ne suis pas capable à moi seule de changer les choses qui ont eu lieu, je ne peux pas non plus modifier celles qui auront lieu, mais je peux éviter de remuer les choses encore et encore et de polémiquer sur le sujet durant des mois et années comme le font les journalistes. D’ailleurs ils sont payés pour ça, pas moi. C’est une des raisons pour lesquelles j’ai choisi d’écrire sur un blog où je suis nettement plus libre d’écrire ce que je veux.

Je respecte les victimes, leurs familles et je souhaite les laisser en paix pour qu’elles puissent tranquillement, lentement, reprendre goût à la vie.

Mabelle

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