Ceux qui ont compris, ceux qui ferment les yeux

Pour nous qui avons accepté de voir, les deux années passées auront produit une grande clarté.

Pour nous qui avons accepté de déblayer, le champ est libre.

Nous sommes sur le point de vaincre parce que nous sommes plus « profonds ».

Ceux qui croient que les gouvernants font de leur mieux malgré leur incompétence et la bureaucratie qui les cerne,

Ceux qui n’entendent pas le cynisme abyssal qui ricane derrière toutes les proclamations sonores d’humanisme et de bons sentiments,

Ceux qui préfèrent oublier que l’eugénisme, la colonisation, le dressage des populations ou la fondation Rockefeller n’ont jamais poursuivi autre chose que « le bien de l’humanité »,

Ceux qui croient sincèrement que l’on peut « faire le bien des autres » sans commencer par leur imposer et notre définition du bien et notre altérité,

Ceux qui n’éprouvent aucun frisson en découvrant la photo d’un vétérinaire grec devenu PDG de Pfizer et arborant un masque noir sur lequel est imprimé « Science will win »,

Ceux qui croient, d’ailleurs, que la « science » existe quelque part comme un papa sévère et bienveillant, et non comme un champ de bataille où des paradigmes sont continûment assaillis, mis à mal et finalement renversés,

Ceux qui préfèrent ignorer, par orgueil, confort, hébétude ou légèreté, après un bon siècle de raffinement dans la propagande et l’art de la communication, que la vérité était déjà « socialement » défunte et enterrée en 1914,

Ceux qui débattent encore, entre moutons, de savoir si le berger n’aurait pas quelque projet pour leur tête malgré tous les soins qu’il leur dispense,

Ceux qui répugnent à prêter à leurs maîtres des intentions inavouables, de peur de voir s’effondrer à son tour le petit château de mensonges que constitue leur propre existence sociale,

Ceux qui se croient tellement futés qu’ils répètent sur un ton de défi les insanités que le trollage gouvernemental a conçues pour eux,

Ceux qui se sont laissés gagner par l’apathie et la démission intérieure face à l’offensive tous azimuts dont la déclaration de « pandémie mondiale » a donné le signal,

Ceux qui dorment sur leurs deux oreilles alors qu’un président ayant bien potassé son Machiavel prétend, sous couvert de « passe sanitaire », se retailler un corps politique à sa convenance – non, gouverner ce n’est pas prévoir, et ce n’est pas servir non plus, c’est assurément « faire croire » comme disait Richelieu, mais surtout « gouverner, c’est mettre vos sujets hors d’état de vous nuire et même d’y penser »,

Ceux dont le parti est de ne rien prendre à coeur, de ne rien prendre au sérieux, de faire comme si de rien n’était,

Ceux qui n’éprouvent pas comme appelant riposte tout le mal concentré que l’on nous a infligé ces dernières années,

Ceux qui acceptent tranquillement le contrôle total comme condition pour « retrouver la liberté »,

Ceux qui se soumettent à toutes les normes inventées d’hier et de nulle part dans l’espoir d’un « retour à la normale » qui, pour cette raison même n’adviendra jamais,

Ceux qui ne se contentent pas d’obéir à des obligations humiliantes, mais en théorisent en outre la nécessité,

Ceux qui croient qu’il y a des parenthèses dans l’histoire comme il y en a dans les phrases et se rassurent en se disant que celle-ci va bientôt se refermer avec la « victoire sur le virus »

Tous ceux-là, nous ne pouvons rien pour eux.

Extrait du « Manifeste conspirationniste » Editions du Seuil, janvier 2022

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