Quand la soie est entrée dans ma vie

soie couleurs

Il y a bien des années, plusieurs événements ont subitement bouleversé ma vie : Alors que j’avais un bébé de quelques mois, j’ai perdu mon emploi, mon compagnon de vie est décédé, j’ai déménagé et eu un grave accident de voiture.

Je me retrouvais seule avec un enfant, sans emploi, sans véhicule et avec un énorme besoin de contact avec l’extérieur.

Je ne pouvais pas envisager d’activités sans ma fille puisque dans la campagne où je vivais, il n’y avait à l’époque pas de crèche ou de garderie si ce n’est l’extra-scolaire mais, ma fille n’avait pas l’âge d’être scolarisée. Et, sans véhicule cela compliquait les choses.

Ma voisine, une dame pensionnée, participait une soirée par mois à un atelier bricolage. Elle m’a gentiment annoncé qu’elle avait discuté avec le professeur qui m’acceptait dans son cours, à la condition que ma fille ne dérange pas les autres participants.

Bricoler me paraissait une étrange idée mais, je pouvais difficilement refuser à cette gentille dame qui cherchait de toute évidence à me faire plaisir.

Le cours étaient divisé en groupes de travail : certains travaillaient le cuir (ils étaient les plus nombreux et il ne restait aucune place à leurs côtés), d’autres faisaient de la vannerie (je n’avais pas trop envie de me retrouver les mains dans l’eau toute la soirée), un autre groupe peignait sur la soie.

Au premier abord, cela ne m’enchantait guère de faire une cravate (que je ne saurais à qui offrir) ou un foulard (que ne mettrais pas). Mais, après avoir regardé un moment les artistes en herbe, l’idée de peindre un tableau me paraissait suffisamment intéressante pour me joindre à eux.

Ainsi je suis allée au cours quelques fois. Cependant, en trois heures par mois, on n’a vraiment pas le temps de faire grand chose. D’autant que du fait que ma fille m’y accompagnait, je passais parfois plus de temps à m’occuper d’elle que de ma peinture.

Je me surprenais à attendre ma soirée peinture sur soie avec impatience.

Aussi ai-je décidé de faire l’acquisition d’un minimum de matériel et de peindre chez moi, au calme, durant les siestes de ma fille ou les longues soirées où je me retrouvais seule dès qu’elle était au lit.

Depuis lors, cette envie, ce besoin de peindre ne m’a plus quittée. Parfois, il m’arrive de ranger mon matériel durant quelques mois mais, à d’autres moments je ne peux m’empêcher de peindre chaque jour durant plusieurs semaines.

A une certaine époque, tous les murs de ma maison étaient recouverts de peintures sur soie.

Avec le temps, mes peintures ont évolué et je préfère, plus que tout, peindre des mandalas.

Ils m’incitent à ce merveilleux voyage à la rencontre de Moi.

Dans les magasins de loisirs créatifs, le rayon peinture sur soie devient toujours plus restreint à chacune de mes visites. Les vendeurs me disent que « c’est démodé », qu’il y a d’autres techniques qui sont beaucoup plus demandées. Mais, je me moque d’être ou non à la mode, moi, c’est la soie qui me plaît plus que tout.

Je n’ai rien contre les autres techniques et j’apprécie de regarder un tableau peint à l’acrylique mais, pas de le peindre moi même. A de nombreuses reprises, je me suis essayée à d’autres peintures : aquarelles, pastels, huiles ou acryliques mais, je reviens toujours vers

la peinture sur soie.

Malgré mes nombreuses années de pratique, je suis toujours émerveillée, après avoir tendu un tissu immaculé, d’observer la couleur « fuser » à une vitesse folle, et se mélanger toujours différemment dans une symbiose parfaite avec le tissu léger.

Quand je peins sur la soie, je suis Moi,

et c’est bien ça le plus important.

Mes articles vous plaisent, ou vous déplaisent, n’hésitez pas à me laisser un commentaire !

Mabelle

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