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La jeune fille et le petit esprit du feu Hopi

Bonjour, je vous espère en forme. Je vous partage ce matin un texte inspirant et vous souhaite une très agréable journée

Mabelle

C’était aux temps où les animaux et les êtres humains parlaient le même langage, au temps où l’on communiquait avec les esprits des éléments et en ces temps des commencements, une étrange maladie ne touchant que les enfants en bas âges s’était abattue sur un village Hopi. Les enfants ne parlaient pas, ne riaient pas, ne bougeaient pas. Leur regard éteint semblait regarder dans le vide et les adultes ne savaient plus que faire pour communiquer avec eux.

Un ancien s’est alors souvenu que l’on disait que le petit esprit noir du feu connaissait les remèdes à toutes les maladies. Cependant que l’on ne se réjouisse pas trop car il avait très mauvais caractère et était très exigeant sur la qualité des cadeaux que l’on devrait lui faire afin de l’amadouer. Les gens du village se sont rassemblés et ils ont donné leurs plus belles poteries pour offrir au petit esprit noir du feu.

La jeune fille et le petit esprit du feu Hopi - Je Révèle mon Essence de  Soi !

Les jeunes hommes choisis pour cette mission ont revêtus leurs plus belles parures et sont partis à la recherche du petit esprit noir du feu. Ils étaient à peine sortis du village qu’ils ont croisé Coyote qui leur a demandé où ils allaient. Ils lui ont répondu :

– « Ô toi, vil joueur de tours, passe ton chemin : notre mission ne te regarde pas porte malheur ! »

Coyote a disparu en ricanant et son rire sarcastique a raisonné longtemps dans les canyons.Les jeunes hommes, après avoir erré longtemps ont fini par trouver le petit esprit noir du feu. Celui-ci leur a tourné le dos ostensiblement, mais ils ne se sont pas découragés. Ils lui ont parlé de la maladie des enfants et lui ont demandé de venir au village pour les soigner. Puis ils ont ouvert les sacs contenant les poteries magnifiquement décorées.Le petit esprit noir du feu a daigné jeter un coup d’œil derrière lui, il a pris un air agacé et a fait signe aux jeunes hommes qu’ils devaient remballer leurs cadeaux et repartir avec.

C’est la tête basse de déception et de tristesse que les jeunes hommes sont retournés au village. Deux fois encore les jeunes hommes sont revenus voir le petit esprit noir du feu sous le rire sarcastique de Coyote : une fois avec des bijoux d’argent et de turquoise, une autre avec des tissus délicatement brodés.Mais à chaque fois le petit esprit noir du feu se renfrognait davantage.

Un jour, une jeune fille qui était allée chercher du bois pour cuisiner croisa le chemin de Coyote. Celui-ci lui demanda :

– « pourquoi as-tu l’air si triste ? »

– « parce que les enfants du village sont malades et que personne ne sait comment les soigner. Les jeunes hommes sont même allés voir le petit esprit noir du feu avec des cadeaux somptueux mais il est trop exigeant et… »

– « somptueux pour qui ? » l’interrompit Coyote

– « que veux-tu dire ? »

– « Rien d’autre que ce que j’ai dit ! » Et Coyote disparut dans un grand éclat de rire joyeux.

La jeune fille ramena le bois chez elle, alluma le feu, prépara le repas en silence, puis elle sortit sans manger au grand étonnement de ses parents qui commencèrent à s’inquiéter sérieusement pour elle, bavarde et gourmande comme elle l’était habituellement.

Une fois dehors, elle sortit du village et elle se mit à rassembler diverses choses ramassées ici et là dans un grand tissu noir qu’elle avait emporté. Une fois le tissu rempli elle se dirigea vers l’endroit où habitait le petit esprit noir du feu. Celui-ci lui tourna le dos ostensiblement mais elle ne se laissa pas décourager :

– « Je te salue petit esprit noir du feu et je t’apporte des présents en gage d’amitié »

– « on est déjà venu me faire des cadeaux grogna le petit esprit noir du feu, cela ne m’intéresse pas, laisse-moi me reposer en paix »

– « Oui, mais les miens sont différents dit la jeune fille d’une voix douce, jette juste un œil sur eux, je t’en prie et s’ils ne te conviennent pas, je ne te dérangerai pas davantage »

– « tu m’as parlé d’amitié, c’est pour cela que je t’ai répondu : souhaites-tu vraiment devenir mon amie ? » demanda le petit esprit noir du feu en se soulevant légèrement.

– « je serais heureuse que tu acceptes mes offrandes et d’être ton amie »

Le petit esprit noir du feu se retourna et aperçut alors le contenu du tissu. Son œil s’illumina d’une joie enfantine

– « Oh ! Tu m’as apporté tout ce que j’aime le mieux ! »

Il regardait avec jubilation les bouts de bois, les morceaux de tourbe, les herbes sèches, les pierres à feu et poussait des « Oh ! Comme c’est beau !

Oh ! Quelle merveille ! Vraiment somptueux ! » On aurait dit qu’il ne pouvait se détacher de la contemplation des plus splendides créations de la terre. Cependant, il finit par se calmer et regarder la jeune fille d’un air ravi :

– « Des nombreuses personnes qui sont venues ici me faire des offrandes tu es la seule qui a pensé non à ce qui te plaît à toi mais à ce qui me ferait plaisir à moi ! J’accepte ton amitié de bon cœur ! Y a-t-il quelque chose qui te ferait plaisir à toi ? Ce serait une joie pour moi de te l’offrir ! »

– « J’aimerais rester un peu en ta compagnie, te connaître un peu mieux…. »

– « Quelle merveilleuse idée ! » Et il se mit à sauter de joie en tapant dans ses mains.

Ils sont restés trois jours et trois nuits à faire connaissance et la jeune fille a découvert quel merveilleux enfant était le petit esprit noir du feu : drôle, espiègle, taquin, aimant rire, danser et chanter, ne restant jamais en place, se mettant en colère lorsqu’il n’arrivait pas à se faire comprendre puis riant de plaisir quand elle le comprenait, très attentif à sa dignité personnelle, se renfrognant quand il croyait qu’elle ne faisait pas attention à lui et explosant de joie quand il s’apercevait qu’il s’était trompé. Au matin de la quatrième journée la jeune fille annonça au petit esprit noir du feu qu’elle devait repartir sinon les siens allaient trop s’inquiéter.

Il se mit alors à pleurer à chaudes larmes et elle lui dit :

– « je sais que c’est dur pour toi que je parte parce que c’est dur pour moi aussi de te quitter. Je vois ton chagrin et mon cœur se serre. Mais je te promets que je reviendrai te voir souvent parce que je ne pourrai pas supporter de rester longtemps loin de toi »

– « Je vais venir avec toi, tu ne m’as rien demandé mais je sais ce que ton cœur désire. Je vais t’accompagner jusqu’à ton village et soigner les enfants 

Le petit esprit noir du feu entra dans le village avec la jeune fille, il demanda à voir chaque enfant individuellement et à chaque enfant il chanta une chanson différente. Les enfants semblaient alors comme émerger d’un mauvais rêve et un sourire illuminait leur visage.

Le petit esprit noir du feu rassembla alors les parents et leur dit :

– « Si vous voulez que vos enfants n’attrapent plus la maladie de la tristesse laissez-les se comporter comme des enfants et ne cherchez pas à en faire prématurément les adultes que vous-mêmes n’êtes pas capables d’être. Chaque enfant est unique et c’est pour cela qu’il est précieux. Respectez-le dans ce qu’il est et non dans ce que vous voudriez qu’il soit. Ainsi en va la loi de la vie : il y a un temps pour l’enfance, un temps pour la maturité, un temps pour la sagesse. »

Puis il disparut dans un nuage de fumée non sans avoir murmuré à la jeune fille :

– « souviens-toi de ta promesse »

Sagesse Hopi